Exposition passée 20.09.2023 - 20.02.2024
« The Way is Infinite: Centennial Retrospective Exhibition of Zao Wou-Ki » à l’Art Museum de la China Academy of Art, Hangzhou (Zhejiang, Chine)
Le 20 septembre 2023 s’est ouvert à Hangzhou, en Chine, une grande rétrospective consacrée à Zao Wou-Ki à l’Art Museum de la China Academy of Art, académie où Zao Wou-Ki a étudié dans les années 1930 et où il a été professeur dans les années 1940. Organisée par la China Academy of Art et la Fondation Zao Wou-Ki, cette exposition est la première exposition d’une telle ampleur en Chine continentale, depuis la rétrospective organisée par Daniel Marchesseau au Shanghai Museum, il y a précisément 25 ans.
L’exposition de la China Academy of Art présente plus de deux cent œuvres de l’artiste, dont près de cent vingt peintures à l’huile. Elle témoigne de l’évolution du regard sur Zao Wou-Ki et son œuvre en Chine, qui le considère maintenant comme un chaînon particulièrement important de l’art du XXème siècle, tant en Chine que dans le monde. Articulée en six sections, elle comprend des huiles sur toile, des encres de Chine, des aquarelles, des porcelaines ou encore des estampes, au sein d’un parcours chronologique qui permet de rendre compte de toute la diversité, autant que de la qualité, de l’œuvre de Zao Wou-Ki.
Vue de la première salle de l’exposition. Droits réservés
Partant des toutes premières œuvres de l’artiste, alors que ce dernier est encore en Chine, l’exposition retrace tout d’abord le parcours de Zao Wou-Ki depuis son pays natal, où il combine déjà influence de la peinture occidentale (notamment Paul Cézanne) et tradition chinoise, jusqu’à Paris, où il s’établit en 1948. Les visites des musées, ses nombreux voyages en Europe, et la confrontation à l’œuvre de Paul Klee nourrissent son œuvre. Inventant des signes basés sur les signes archaïques chinois, il abandonne la figuration vers 1954.
Vue de la salle consacrée à la période des signes. Droits réservés
Durant l’automne 1957, il s’installe quelques mois vers New York. La découverte de l’abstract painting américaine le conforte dans le choix de l’abstraction. Après un séjour de quelques mois à Hong Kong au début de 1958, il revient à Paris. Il est désormais représenté par la Galerie de France à Paris et la Kootz Gallery à New York.
Peintures de la fin des années 1950 et du début des années 1960. Droits réservés
La salle consacrée à la peinture des années 1960 permet une exceptionnelle réunion de peintures de ces années, réparties dans des collections particulières et muséales à travers le monde. De grands formats comme 13.02.67 (200 x 300 cm) illustrent le passage de l’artiste à une peinture qui met en scène l’espace et le geste.
Vue de la salle consacrée aux années 1960. Droits réservés
Sur les conseils de son ami Henri Michaux, la reprise de la technique de l’encre de Chine au début des années 1970 amène l’artiste à modifier sa pratique : il recherche dans l’huile l’aspect liquide de l’encre et redécouvre l’importance du vide.
Vue de la salle consacrée aux années 1970. Droits réservés
L’exposition bénéficie d’importants prêts d’encres de Chine d’institutions muséales de premier plan comme le Cabinet d’art graphique du Musée national d’art moderne à Paris, du Musée Cernuschi à Paris et du Suzhou Museum en Chine. La salle des encres de Chine de 1970 à 2004 offre ainsi un panorama complet de cette technique si importante pour l’artiste.
Vue de la salle consacrée aux encres de Chine. Photo Yann Hendgen
L’exposition présente ensuite les très grands formats des années soixante-dix à deux mille, dont quatre triptyques : 15.01.82 – Triptyque (195 x 390 cm), Hommage à mon ami Henri Michaux (1999-2000, 200 x 750 cm), Hommage à Françoise – 23.10.2003 (195 x 324 cm) et 19.03.2006 – Triptyque (195 x 291 cm).
Vue de la salle consacrée aux encres de Chine. Photo Yann Hendgen
La dernière salle consacrée aux peintures montre à la fois l’extrême richesse des couleurs et la joie de peindre des dernières années de l’artiste. Fidèle à l’abstraction qu’il pratique depuis plus de cinquante années, Zao Wou-Ki ne se refuse pas de brefs retours à des motifs figuratifs dans ses dernières toiles, dont les traits aux allures de végétaux se retrouvent, aussi, dans les aquarelles contemporaines exposées dans l’étage supérieur.
Dernière salle consacrée aux peintures. Droits réservés
L’ultime section de l’exposition est justement consacrée aux œuvres sur papier de Zao Wou-Ki : les aquarelles, mais également les estampes et les livres illustrés. On découvre un cheminement parallèle à celui de la peinture, avec des premières œuvres strictement figuratives, le passage par les signes et les aquarelles abstraites. Clôturant le parcours, les porcelaines et les stèles de céramique peintes répondent aux dernières aquarelles réalisées en extérieur, alors que Zao Wou-Ki délaisse la peinture à l’huile.
Salles consacrées aux aquarelles. Photo Yann Hendgen
Prenant place dans l’école des Beaux-Arts où Zao Wou-Ki a été élève, puis enseignant, cette exposition rétrospective a une résonnance particulière, tout juste dix ans après le décès de l’artiste. Reconnu très tardivement dans son pays d’origine, Zao Wou-Ki avait déjà initié un projet d’exposition similaire en 2004 avec son épouse Françoise, malheureusement jamais abouti.
Sur invitation de son ancienne école, il est également revenu à plusieurs reprises : en 1985 pour y dispenser des cours avec Françoise, puis en 2004, et certaines des œuvres de ses élèves sont par ailleurs visibles dans une partie extérieure à l’exposition.
Profitant de cette grande rétrospective et de la place nouvelle qu’elle confère à l’artiste en Asie, la China Academy of Art dédie un espace à la biographie de Zao Wou-Ki et aux archives qu’elle a rassemblées et étudiées, et qu’elle révèle pour la première fois au public. Un fonds fourni qui permet de poser un nouveau regard sur la vie de l’artiste.
Espace biographique au sous-sol de l’exposition. Photo Yann Hendgen
L’exposition The Way is Inifinite s’inscrit également au sein du programme d’anniversaire des soixante années de relations diplomatiques entre la France et la Chine. L’Ambassade de France à Pékin a pour l’occasion accepté le prêt de la toile mise en dépôt dans ses locaux par le Centre national des arts plastiques (07.04.80, 162 x 130 cm). Cette rétrospective confirme ainsi le rôle de Zao Wou-Ki dans le dialogue entre ces deux cultures : puisant dans leurs traditions, explorant les spécificités et les techniques de l’une, puis de l’autre, Zao Wou-Ki a su créer une œuvre qui lie ces deux visions en un chemin artistique unique.