Exposition passée 10.06 – 31.12.2022
Actualités des présentations d’œuvres à Paris été – Hiver 2022
La nouvelle présentation des collections modernes permanentes du musée national d’art moderne au Centre Georges Pompidou a fait l’objet de quelques aménagements récents. Nous pouvons maintenant admirer deux peintures de Zao Wou-Ki en Salle 26 et en Salle 29.
Musée national d’art moderne – Salles 26 et 29 : Zao Wou-Ki et Frédéric Benrath. Droits réservés
La salle 26 intitulée « Geste et matière » reste inchangée et montre le renouveau pictural à Paris après la Seconde Guerre mondiale. Certains peintres réinventent la peinture en accentuant et en travaillant la matérialité de leurs œuvres par des empâtements, des amas, des griffures. C’est le cas de Jean Dubuffet (Michel Tapié soleil, 1946), de Jean Fautrier (L’Ecorché, 1944 et Femme douce, 1946), de Wols (Il me regarde, 1940/1951 et Aile de papillon, 1947) ou Christo (Cratère, 1960).
D’autres comme Francis Bacon (Van Gogh in a landscape, 1957) restent fidèles à une figuration pleine de liberté, de force et de contrastes. Zao Wou-Ki quant à lui explore un chemin très personnel : les signes chinois qu’il avait incorporés à ses peintures se sont transformés en mouvements colorés, créant une abstraction vibrante rythmée et nerveuse (18.10.59 – 15.02.60, 1959-1960 ; achat 1960).
Plusieurs sculptures de Germaine Richier, qui fut proche ces peintres – tout spécialement de Zao Wou-Ki avec lequel elle collabora pour une sculpture peinte – ponctuent la salle : la force et la matérialité de L’Orage, 1947-1948 et de l’Ouragane, 1948-1949 forment un écho parfait au tumulte et à la sensibilité des peintures de cette époque novatrice.
Musée national d’art moderne – Salle 26 : Jean Fautrier, Germaine Richier, Francis Bacon et Zao Wou-Ki. Droits réservés
La salle 29 a été modifiée et présente maintenant un groupe de peintures des années 1950-1960 qui montrent les différences tendances de l’abstraction non géométrique. Le tumultueux 04.05.64 (huile sur toile, 1964, 200 x 260 cm, don de l’artiste pour sa naturalisation) de Zao Wou-Ki voisine maintenant avec Peinture 260 x 202 cm – 19 juin 1963 de son ami Pierre Soulages (huile sur toile, don de l’artiste en 1967), dont les grandes masses sombres contrastent avec le fond laissé en réserve. Les Correspondances, peint en 1956 par Frédéric Benrath (huile sur toile, 195 x 113 cm, don en 2019), fait partie de sa série Les Zones d’insécurité : vibrations des couleurs, violence de coups de pinceaux et des rayures du couteau montrent une abstraction bien moins sereine.
Musée national d’art moderne – Salle 29 : Zao Wou-Ki et Pierre Soulages. Droits réservés
La salle présente également des œuvres d’Olivier Debré (Grande ocre tache jaune pâle, huile sur toile de 1964, 194,5 x 197,5, dation 2002), Jean Messagier (Accès à l’été, huile sur toile de 1967, 200 x 300 cm, don 2020) et Gérard Schneider (Opus 15C, huile sur toile de 1956, 200 x 149,8 cm, achat en 1982).
En octobre 2019, le musée d’art moderne de Paris (anciennement MAMVP) dévoilait pour sa réouverture un nouvel accrochage de ses collections permanentes intitulé « La vie moderne ». Afin de mettre en valeur la richesse de leurs fonds, le musée modifie périodiquement l’organisation de cet accrochage.
Depuis le 10 juin et jusqu’au 25 février 2023, une nouvelle version est présentée. Si l’on retrouve les salles dédiées au design des années 20 et au fonds Delaunay, des ensembles ont été réorganisés comme celui de la peinture abstraite de l’après-guerre maintenant dans la salle Langlois-Meurinne.
Musée d’art moderne : salle Langlois-Meurine (Fontana, Bergman, Noël, Degottex, Zao, Reigl et César). Droits réservés
Le grand tableau de Zao Wou-Ki 06.01.68 (260 x 200 cm, achat du musée en 1971) y est en majesté, entouré d’œuvres de nombre d’amis proches de Zao Wou-Ki comme Stèle n° 2 d’Anna-Eva Bergman (peinture vinylique et feuille de métal sur toile de 1964, achat en 1965), Propositions contestées de Maria Helena Vieira da Silva (huile sur toile, 1966, achat à l’artiste en 1968), T 1946-16 de Hans Hartung (huile sur toile, 1946, legs du Dr Girardin en 1953) et le Scorpion de César (fer soudé de 1955, achat en 1956).
Musée d’art moderne : salle Langlois-Meurine (Degottex, Zao, Reigl, César, Dumitresco et Vieira da Silva). Droits réservés
On y retrouve également des œuvres d’artistes liés à l’art abstrait de la seconde moitié du XXème siècle comme Concetto spatiale, Attese de Lucio Fontana (peinture à l’eau et huile sur toile, 1959, don de Mme Rasini-Fontana en 1969), ETC IV, 30.3.1967 de Jean Degottex (encre de Chine sur toile, 1967, achat en 1999), Guano de Judith Reigl (huile sur toile de 1958-1963, don de l’artiste en 2019) et Composition 228 de Chu Teh-Chun (huile sur toile, 1966, achat à l’artiste au Salon des réalités nouvelles en 1967).
Musée d’art moderne : salle Langlois-Meurine (Hartung, Chu, Francès et César). Droits réservés
Le nouvel accrochage du musée d’art moderne de Paris met aussi en valeur des ensembles inédits d’œuvres de peintres amis de Zao Wou-Ki dans des présentations monographiques. Le travail rare et exigeant de Pierrette Bloch (1928-2017) fait ainsi l’objet d’un bel accrochage d’œuvres graphiques et de tressages qui ont fait sa notoriété. Le Sans titre de 1976 est une grande feuille de papier gorgée d’encre de Chine (achat en 1984). Loin d’être uniformément noire, cette œuvre explore les richesses de l’encre de Chine dans un espace saturé. Le noir est également au cœur de la magistrale Maille n° 8 de 1974 (achat en 1984). Ces 28 éléments crochetés et cousus sur feutre créent une symphonie brute où la lumière joue avec les vides et les tonalités des noirs.
Musée d’art moderne – Salle Pierrette Bloch : Sans titre, 1976 et Maille n° 8, 1974. Droits réservés
Les trois longues encres de 1999 explorent des rythmes répétitifs, jeux sur les pleins et les vides et une forme d’obsession (Ligne 1, 2 et 3, don de l’artiste en 2000). L’obsession d’un motif pointilliste en vagues rythmées est au cœur des trois encres de Chine sur papier verticales (Sans titre, achat à la Galerie Frank Elbaz en 1999).
Musée d’art moderne – Salle Pierrette Bloch : Sans titre, 1999. Droits réservés
Grâce à la généreuse donation de treize œuvres par Françoise Marquet-Zao, le musée d’art moderne de Paris est en mesure de consacrer une salle à un grand ami de Zao Wou-Ki, Jean-Michel Meurice (né en 1938). Menant une double activité de peintre et de réalisateur, il est une figure originale et particulièrement attachante de l’art d’après-guerre.
C’est en tant que réalisateur qu’il rencontre Zao Wou-Ki en 1964, et par la suite son épouse Françoise dans les années 1970. Les deux hommes se découvrent énormément d’affinités et restent de fidèles amis jusqu’au décès de Zao Wou-Ki en 2013.
Musée d’art moderne : salle Jean-Michel Meurice – Donation Françoise Marquet-Zao, Vinyle Navajo I et II, 1969. Droits réservés
La donation de Françoise Marquet est l’occasion de célébrer Jean-Michel Meurice ainsi que l’amitié avec Zao Wou-Ki. Les deux vinyles de 1969 montrent les expérimentations d’un jeune peintre un temps proche du mouvement Supports/Surfaces, pour s’éloigner de la peinture traditionnelle et travailler de nouveaux matériaux et de nouveau supports.
Musée d’art moderne : salle Jean-Michel Meurice – Donation Françoise Marquet-Zao, Vinyle Navajo I et II, 1969. Droits réservés
Les acryliques sur toile des années 1970 sont saturées de bandes répétitives de couleur qui créent une structuration forte de l’espace tout en dégageant une grande poésie et une variété colorées subtile. Le grand diptyque Portrait jumeau d’une belladone a été peint en 1977 sur le toit terrasse de l’atelier de Zao Wou-Ki à Ibiza.
Musée d’art moderne : salle Jean-Michel Meurice – Donation Françoise Marquet-Zao, Portrait jumeau d’une belladone, 1977 ; Lipo X, 1983 ; Ipomée 7, 2008. Droits réservés
Jean-Michel Meurice puise son inspiration à de nombreuses sources, de l’abstraction américaine aux papiers découpés de Henri Matisse. Ses nombreux voyages en tant que grand reporter le portent entre autre en Ouzbékistan dans les années 1980. La vision des riches décorations en céramiques des monuments de Boukhara l’impressionnent durablement et se retrouvent, transformées dans les peintures Lipo X et Urgell 3.
Musée d’art moderne : salle Jean-Michel Meurice – Donation Françoise Marquet-Zao, Urgell 3, 2004. Droits réservés
Les œuvres des années 2000 montrent un peintre en perpétuel renouvellement, portant plus loin encore ses expérimentations en incluant des collages, des motifs répétitifs au pochoir qui créent un monde coloré en mouvement à la grande richesse chromatique.
Musée d’art moderne : Vidéo de l’accrochage de la salle Jean-Michel Meurice – Donation Françoise Marquet-Zao. Droits réservés – YH