Évènements  01.07.22

Réouverture de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue à Ginals en France et présentation de la collection Pierre Brache-Geneviève Bonnefoi, léguée au Centre des Monuments Nationaux

En juin dernier, et après plusieurs années de rénovations, l’Abbaye cistercienne de Beaulieu-en-Rouergue, située en France, à Ginals dans le département du Tarn-et-Garonne, a rouvert ses portes au public. À cette occasion, une grande partie de la collection réunie par Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache est présentée dans l’exposition « Un art subjectif ou la face cachée du monde » au sein des logis abbatiaux. Comportant près de 1.300 œuvres aujourd’hui, cette collection témoigne de l’intérêt et de l’admiration que portent ces « amateurs », tels qu’ils aiment se qualifier, à l’avant-garde artistique qui se développe à Paris après la Seconde guerre mondiale.

Zao Wou-Ki et Geneviève Bonnefoi à l’Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue au début des années 1980. Photo Olivier Duchain

Zao Wou-Ki et Geneviève Bonnefoi à l’Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue au début des années 1980. Photo Olivier Duchain

Lorsqu’ils se rencontrent au début des années 1940, Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache ont une passion commune : l’art et son histoire. Fréquentant assidûment les galeries et les collectionneurs, tels Jean Fournier, André Malraux ou encore René Drouin, auquel ils s’associent d’ailleurs pour un temps, ils entretiennent des relations privilégiées avec les acteurs culturels et les artistes de la scène parisienne. Suivant leur goût et leur sensibilité qui se développent à leur contact, le couple achète de nombreuses œuvres, constituant au fil du temps un ensemble qui témoigne de la diversité et de la qualité de la production de cette période de rupture, de déconstruction et de renouvellement de la création artistique. S’y retrouvent aujourd’hui un grand ensemble d’œuvres d’Henri Michaux, de Jean Dubuffet, de Simon Hantaï et de Serpan, mais aussi d’artistes qui exercent hors de la capitale comme Françoise Berthelot ou Claude Georges. Zao Wou-Ki est représenté par quatre œuvres qui font partie du legs de Geneviève Bonnefoi en 2019 : une peinture (Sans titre (Bateaux), 1951, huile sur toile marouflée sur carton, 35,5 x 36,5 cm), une aquarelle (Sans titre, vers 1957-59, 37 x 28,2 cm) une encre (Sans titre, 1978, 22 x 16 cm) et une estampe (Ciel et Terre, 1957, lithographie). 

Sans titre, huile sur carton toilé, 1951, 35,5 x 36,5 cm. Donation Geneviève Bonnefoi, Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue – Centre des Monuments Nationaux – Photo CMN / Benjamin Gavaudo

Sans titre, huile sur carton toilé, 1951, 35,5 x 36,5 cm. Donation Geneviève Bonnefoi, Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue – Centre des Monuments Nationaux – Photo CMN / Benjamin Gavaudo

Suivant leur désir de promouvoir cet art qu’ils admirent et défendent, Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi acquièrent en 1960 l’Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, alors en mauvais état, afin d’y créer un centre d’art contemporain. Après de nombreux travaux et la création de « l’Association culturelle de l’abbaye de Beaulieu », le centre accueille, dès 1970, une exposition annuelle dont Geneviève Bonnefoi sera commissaire jusqu’en 2010. Écrivain et critique d’art en plus d’être mécène, elle défend également, par ses publications, cet art hors des modes et des institutions, comme en atteste son ouvrage de 1988 Les années fertiles – 1940-1960, réunissant sources, archives et témoignages. Aboutissement d’une vie consacrée à leur passion, l’Abbaye de Beaulieu, offerte au Centre des monuments nationaux en 1973, et sa collection, léguée à la mort de la collectionneuse en 2019, est aujourd’hui un lieu incontournable de l’art français de la deuxième moitié du XXème siècle.

Sans titre, aquarelle sur papier, vers 1957-1959, 37 x 28,2 cm. Donation Geneviève Bonnefoi, Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue – Centre des Monuments Nationaux – Photo CMN / Benjamin Gavaudo

Sans titre, aquarelle sur papier, vers 1957-1959, 37 x 28,2 cm. Donation Geneviève Bonnefoi, Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue – Centre des Monuments Nationaux – Photo CMN / Benjamin Gavaudo

Zao Wou-Ki, qui avait déjà participé en 2011 à l’exposition « Le souffle venu d’Asie », est à nouveau présent dans l’accrochage de réouverture de l’Abbaye de Beaulieu avec une aquarelle de 1957-59. Dédicacée à Geneviève Bonnefoi, elle reflète le lien amical qui unissait l’artiste et la collectionneuse, mais elle met également en évidence la participation importante de Zao Wou-Ki aux mouvements d’abstraction qui constituent la partie essentielle de cette collection. Présenté dans la section « Gestes » aux côtés de Jean-Paul Riopelle (Sans titre, 1964, encre, aquarelle et gouache sur papier vélin, legs de Geneviève Bonnefoi en 2019), Henri Michaux (Bataille, 1954, encre de Chine sur papier vélin, legs de Geneviève Bonnefoi en 2019) ou encore Judith Reigl (Éclatement, 1956, huile sur toile, don de Geneviève Bonnefoi à la CNMHS en 1974), il s’inscrit parfaitement au sein de l’art « subjectif » et « sincère » que cherchaient à promouvoir Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi.

Vue de l’exposition « Un art subjectif ou la face cachée du monde » à l’Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Photo Courtesy Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue / CMN.

Vue de l’exposition « Un art subjectif ou la face cachée du monde » à l’Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Photo Courtesy Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue / CMN.