Évènements  13.02.20

Centenaire de la naissance de Zao Wou-Ki

En février 2020, Zao Wou-Ki aurait eu cent ans.
Décédé à 93 ans le 9 avril 2013, il a traversé le vingtième siècle et ses vicissitudes.
Sa date de naissance reste entourée de mystères. Selon les courriers de sa mère et la carte d’identité chinoise délivrée en 1947, il est né à Pékin le 24 décembre 1919 selon le calendrier lunaire chinois, ce qui correspond au 13 février 1920 du calendrier grégorien.
Lors de son entrée sur le territoire français en avril 1948, la date de naissance retenue est le 1er février 1920. Cette date, reprise dans les premiers catalogues d’exposition de l’artiste dès 1950, figure dans l’acte français officiel de sa naturalisation en 1964. A la fin des années 1950, elle se transforme pour des raisons inconnues en 13 février 1921, date reprise par la suite en alternance avec 1920.
Nous avons choisi de maintenir l’année 1920 mentionnée sur ses papiers officiels, tant français que chinois, et qui a été déclarée en 1948. Le 13 février selon l’administration chinoise, le 1er février selon l’administration française…
Février 2020 reste donc bien le mois du centenaire de la naissance de Zao Wou-Ki et permet de se souvenir de cette figure majeure de la peinture abstraite du XXème siècle.
Zao Wou-Ki est né dans une république de Chine déchirée, soumise aux ingérences des pays occidentaux et aux exactions des seigneurs de la guerre dans le nord du pays. L’académie des beaux-arts de Hangzhou, que Zao Wou-Ki intègre en 1935, doit fuir dès 1937 l’avancée des troupes japonaises et se replier à Chongqing dans la Chine centrale. La présence des Japonais, les luttes entre le Kuomintang et les communistes menés par Mao Zedong empêchent tout retour avant 1946. L’année suivante, Zao Wou-Ki démissionne de son poste de professeur et décide de venir à Paris pour deux ans.
Vers 1935. La famille Zhao à Shanghai. Droits réservés
Son arrivée en France le 1er avril 1948 avec son épouse Lalan est le début d’une nouvelle vie. L’arrivée au pouvoir de Mao Zedong les convainc de s’installer en France. Zao Wou-Ki est alors pleinement intégré à l’effervescence culturelle et artistique du Paris de l’après-guerre et en devient une figure importante. En 1957, il quitte la France pour une année et entame un tour du monde. Il séjourne pendant l’automne 1957 chez son frère Wu-Wai dans le New Jersey. Avec Pierre et Colette Soulages, il rencontre les peintres de l’école de New York dans les vernissages. Il signe un contrat avec Sam Kootz dont la galerie le représentera jusqu’à sa fermeture en 1966. Il accompagne les Soulages à Hawaii et au Japon. Il s’installe seul à Hong Kong au début de 1958 et rencontre sa deuxième épouse, May.
1954. Dans son atelier parisien. Droits réservés
Dès lors, Zao Wou-Ki se trouve à la croisée à la fois des traditions ancestrales de la Chine, de l’influence de l’art occidental européen et de l’abstract painting américaine. Peu d’artistes à cette époque ont pu ainsi mêler ces trois sources d’inspiration. Les œuvres des années 1960 font preuve d’une abstraction plus libre, plus gestuelle, qui montre l’influence forte de la peinture des États-Unis.
1966. Dans son atelier parisien. Photo Pitz. Droits réservés
À partir de 1972, Zao Wou-Ki peut enfin revenir en Chine et retrouver sa famille. Commence alors une lente redécouverte de ses racines chinoises, tant par la pratique de l’encre de Chine dans les années 1970 que dans la recherche d’un nouvel espace dans des peintures de grandes tailles dans les années 1980. Cette liberté explose dans les années 1990-2000 où il alterne les influences occidentales et chinoises dans une peinture pleine de jeunesse et de recherches formelles.
1985. Pendant ses cours à l’école des beaux-arts de Hangzhou. Droits réservés
Pour fêter le centenaire de la naissance de Zao Wou-Ki, l’école des beaux-arts de Hangzhou, qui l’a formé et dans laquelle il a été professeur sur les bords du lac de l’Ouest, prépare depuis plusieurs mois une exposition prévue pour la fin de l’année 2020. Les évènements tragiques liés à l’épidémie du coronavirus risquent d’entraîner son report sur 2021. Zao Wou-Ki aurait eu 100 ans et au final l’important n’est pas tant la date que de commémorer dans son pays natal les 100 ans d’un grand peintre.
2009. Portrait à La Cavalerie. Photo Marie-Laure Viebel. Droits réservés
2003. Avec son épée d’académicien à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. Photo Dennis Bouchard. Droits réservés