Exposition passée 19.05.2021 – 10.10.2021 Centre d’Art d’Aix-en-Provence
« Zao Wou-Ki. Il ne fait jamais nuit » à l’Hôtel de Caumont
Initialement programmée au 29 avril, l’exposition monographique « Zao Wou-Ki. Il ne fait jamais nuit » va pouvoir ouvrir ses portes le 19 mai. Il s’agit de la première exposition personnelle de Zao Wou-Ki à Aix-en-Provence depuis celle qui eut lieu en 1991 à la Fondation Vasarely.
Réalisée en collaboration avec la Fondation Zao Wou-Ki, cette exposition dévoile près de 80 œuvres – huiles sur toile, aquarelles et encres de Chine sur papier provenant de collections publiques et privées – et couvre de 1935 à 2009 tout le parcours de l’artiste. Outre cette vision rétrospective, les deux commissaires Erik Verhagen et Yann Hendgen, ont organisé la présentation des œuvres afin de souligner le travail de l’artiste sur la lumière. Son utilisation et son traitement ont modifié sa manière de peindre et de travailler l’espace. Tantôt dramatique, tantôt jaillissante, la lumière est en effet indissociable de l’espace dans son œuvre et permet à l’artiste de « donner à voir » ce qui ne se voit pas et qui l’habite, « l’espace du dedans ».
Salle 1 – Il ne fait jamais nuit. © Culturespaces / Eric Spiller
Les premiers tableaux de l’artiste, réalisés en Chine, montrent une très nette influence de Paul Cézanne, le maître d’Aix-en-Provence, dont Zao Wou-Ki connaissait le travail par des reproductions. Ces œuvres de jeunesse chinoises trouvent un écho émouvant dans un grand diptyque de 2005, Hommage à Paul Cézanne, présenté pour la première fois. L’artiste revisite le motif de la montagne Sainte-Victoire, et souligne le lien continu avec l’œuvre de Paul Cézanne qui l’a accompagnée tout au long de sa vie.
De nombreuses œuvres inédites ou rarement montrées jalonnent le parcours. Les pages des carnets de voyage de Zao Wou-Ki peints in situ dans les Alpes savoyardes durant l’été 1950 sont les exceptionnels témoins d’une peinture sur le motif à cette époque. Ils vont servir de source d’inspiration pour les peintures réalisées plus tard dans le secret de l’atelier.
Salle 2 – Carnets de voyage. © Culturespaces / Eric Spiller
Le musée Bertrand de Châteauroux et le musée Ingres-Bourdelle de Montauban ont tous deux accepté de prêter deux grandes peintures de 1971 et 1973. Ces deux œuvres aux compositions denses et à la forte gestuelle n’ont pas été exposées côte à côte depuis leur présentation au milieu des années 1970 à la Galerie de France à Paris. Elles ont été acquises à peu de temps d’intervalle par ces deux musées au début des années 1980, témoignant du dynamisme des collections dites de province.
Salle 2 – Abstraction. © Culturespaces / Eric Spiller
Le musée des beaux-arts d’Orléans prête quant à lui sa grande composition de 03.12.74 (250 x 260 cm), exposée pour la première fois en regard d’une aquarelle de la même année qui montre les liens profonds entre les différentes techniques pratiquées par l’artiste. La reprise de la technique de l’encre de Chine au tout début des années 1970 a radicalement modifié le rapport de l’artiste à l’espace : ici le vide est en position centrale et les motifs relégués aux angles. Cette redécouverte de l’importance du vide est un nouveau pas vers l’acceptation de ses racines chinoises par l’artiste.
Salle 3 – Années 1970. © Culturespaces / Eric Spiller
Les années 1980 et 1990 confirment l’évolution de sa palette et de sa technique. Bénéficiant d’une situation personnelle stabilisée et profitant de son grand atelier de la campagne, Zao Wou-Ki peut laisser libre cours à son envie de grands formats et à son goût des couleurs. Dans son autre atelier d’Ibiza construit par son ami l’architecte catalan José Luis Sert, Zao Wou-Ki se laisse imprégner par les couleurs et la lumière de la Méditerranée.
Salle 5 – Années 1980-90. © Culturespaces / Eric Spiller
La salle des encres de Chine permet de saisir l’évolution de son travail au noir sur papier, qu’il redécouvre grâce à Henri Michaux vers 1970. Les encres abstraites des années 1980 et 1990 sont mises en rapport avec une grande peinture de 1983 : recherche de fluidité, importance du vide, inspiration chinoise sont ici visibles dans les deux techniques. Les encres des années 2000 montrent elles une connexion grandissante avec la nature.
Salle 6 – Encres. © Culturespaces / Eric Spiller
Une salle est consacrée à une série d’aquarelles réalisées durant les étés 2008 et 2009 à La Cavalerie, la propriété d’Emanuel Ungaro, ami de longue date. Ces aquarelles témoignent d’un changement radical chez l’artiste : depuis 2007, il a accepté de quitter son atelier et de peindre des aquarelles sur le motif, sur un tréteau, face à la nature. Ces aquarelles, face aux collines du Lubéron ou à la végétation typique du sud de la France, montrent une nouvelle facette de sa création.
Salle 7 – Aquarelles. © Culturespaces / Eric Spiller
La dernière salle de l’exposition présente des œuvres peintes entre 2003 et 2009. Ciel, grand tableau de 2,50 mètres de haut peint dans son atelier parisien fin 2003-début 2004 et une somptueuse aquarelle peinte également à Paris en janvier 2009 témoignent de l’exceptionnel talent de coloriste de Zao Wou-Ki. Ces explosions chromatiques, bien éloignées de la grisaille hivernale de Paris, montrent toute la richesse intérieure de l’artiste qui n’a plus besoin de motif ni de prétexte pour laisser libre court à sa joie de peindre, encore et encore.
Salle 8 – Années 2000. © Culturespaces / Eric Spiller
L’exposition est accompagnée d’un catalogue, richement illustré, édité par les éditions In Fine. Il contient un texte de Dominique de Villepin sur les liens entre Zao Wou-Ki et Paul Cézanne ainsi que les textes des deux commissaires de l’exposition Erik Verhagen sur les circonstances de la création des peintures des années 1970 et Yann Hendgen sur l’impact des nombreux voyages de Zao Wou-Ki sur son œuvre.