Press  07.12.22

Lepetitjournal.com, « “Paris et nulle part ailleurs” : 24 artistes étrangers à l’honneur dans la capitale » by Maël Narpon

« On ne quitte pas son foyer sans raison ». Ainsi le Musée national de l’histoire de l’immigration introduit son exposition Paris et nulle part ailleurs qui ouvrira ses portes le 27 septembre et présentera les oeuvres de 24 artistes étrangers s’étant établis et illustrés à Paris de 1945 à 1972.

L’exposition Paris et nulle part ailleurs débarque dans la capitale au Musée national de l’histoire de l’immigration à partir du 27 septembre 2022 et ce jusqu’au 22 janvier 2023. Ces derniers se sont tous fait un nom à Paris au cours de la période allant de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 jusqu’à 1972. En provenance d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine, des Etats-Unis et d’Asie, chacun des artistes présentés apporte sa touche personnelle à la notion d’expatriation et d’adaptation à un nouveau milieu dans cette exposition aux oeuvres variées.

Celle-ci se divise ainsi en quatre grands thèmes, comme le spécifie le Musée : « s’exiler, mêler sa culture d’origine et celle d’accueil, réagir à l’étrangeté du monde que l’on découvre, construire un langage universel sans frontières, l’exposition évoque les motivations du départ, l’installation, les sociabilités, un quotidien parfois difficile dans une ville cosmopolite devenue leur nouveau foyer. » Que ce soit en peinture, en dessin, en sculpture ou en collage, on nous y présente successivement des oeuvres figuratives, des oeuvres abstraites, des oeuvres mettant en question l’objet et enfin des oeuvres axées sur l’abstraction géométrique.

Musée national d’art moderne - Salle 26 : Jean Fautrier, Germaine Richier, Francis Bacon et Zao Wou-Ki. Droits réservés
La peinture d’Antonio Segui, A vous de faire l’histoire n°1, 1965. Photo : Maël Narpon. 

« Paris et nulle part ailleurs » : 24 artistes du monde entier à Paris pour écrire l’histoire de l’art

De l’aveu du directeur Sébastien Gökalp, jamais autant d’oeuvres n’avaient été exposées à l’occasion d’une seule exposition au Musée national de l’histoire de l’immigration. Le choix d’exposer 24 artistes étrangers n’est pas dû au hasard. A la période sur laquelle se concentre l’exposition, il est estimé que 60 à 65% des 15.000 artistes établis à Paris sont étrangers. Pour le commissaire de l’exposition Jean-Paul Ameline, la capitale parisienne a ainsi occupé une place particulière dans le monde de l’art à l’échelle planétaire en raison de cette diversité et des différentes tendances dont elle a accouchées.

Musée national d’art moderne - Salle 29 : Zao Wou-Ki et Pierre Soulages. Droits réservés
Maria Helena Vieira da Silva, Paris, la nuit, 1951. Photo : Maël Narpon.

Tous les artistes apportent leur pierre à l’édifice de cette exposition construite en quatre temps de par leur approche de l’immigration, de leurs cultures d’origine et d’adoption, ou bien de par leur style innovant sur la scène culturelle parisienne. Originaires de 18 pays différents à travers le monde, leurs expériences personnelles influencent bien sûr grandement le message et l’histoire véhiculés à travers leurs oeuvres. Du Sénégalais Iba N’Diaye, à Maria Helena Vieira da Silva, en passant par Dado, Victor Vasarely, Zao Wou-Ki, Eduardo Arroyo, Antonio Segui, Erró, Joan Mitchell, ces artistes ont tous un point commun : celui d’atterrir un beau jour dans la capitale française pour y établir leur base créative.

Une intégration au milieu artistique parisien et une acclimatation propres à chaque artiste

« Ce sont des intégrations différentes dans le même milieu », résume Jean-Paul Ameline. Tous pour des raisons différentes, les 24 artistes de l’exposition ont choisi la ville de Paris pour donner libre cours à leur créativité. Après la Seconde Guerre mondiale, elle est restée pour beaucoup la capitale mondiale des arts, malgré la montée de New York. Mais le milieu artistique parisien n’est pas clément et tous les artistes ne connaissent pas le même succès. L’intégration fut cependant plus facile pour certains tels que Zao Wou-Ki dont les oeuvres abstraites aux multiples inspirations ont fait mouche. Il confirme lui-même sa dualité culturelle à travers une citation visible à côté de ses oeuvres et savamment choisie par le Musée : « tout le monde est ficelé par une tradition – moi par deux ». L’Américaine Joan Mitchell a connu plus de difficultés pour s’adapter à la scène artistique parisienne, dont elle se tiendra par ailleurs relativement éloignée malgré son installation en 1959 après des années à alterner entre Paris et New York.

Vitrine de l’exposition « Artists Making Books » au British Museum à Londres. Photo Yu-Ping Luk. Droits réservés
Erró, Autotransformateur des générations, 1961. Photo : Maël Narpon. 

D’autres ne s’attendaient pas à voir Paris prendre une telle place dans leur vie, ni à y prendre une place si importante, à l’image de Maria Helena Vieira da Silva, première femme à acquérir une grande notoriété dans le milieu artistique parisien : « En 1928, je suis venue à Paris uniquement pour étudier la peinture. Je voulais embrasser très sérieusement le métier de peintre. Je pensais rester un ou deux ans à Paris et enfin ? J’y suis restée tout le temps. »

Ce ne sont que trois exemples parmi les 24 que l’exposition met en lumière, mais inutile d’en rajouter. Nous risquerions de vous gâcher l’expérience. Il ne tient plus qu’à vous d’aller découvrir cette exposition marquante tant par la beauté de ses oeuvres que par l’histoire de tous ces artistes expatriés, souvent déchirés entre deux cultures.

Maël Narpon